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Le Blog de Patrice!
28 juin 2006

c'est une révolution dans le monde de la cuisine intégrée

crocParis je t'aime: Il ne s'agit pas ici de juger du résultat global, ou final, finalement assez médiocre en soi, mais de considérer les parties et les instants que constituent chacun des courts métrage de cette compilation. En fait, comme toute compilation, elle a pour défaut son inégalité, son incohérence et son manque relatif de pertinence: il s'agit toujours de regrouper des oeuvres qui, inévitablement,  ne remplissent pas le cadre proposé, on y perd ce qui en dépasse et on y greffe du superflu voire du parasite. Le problème majeur de ce type de document est de qualifier ce qui ne peut l'être, non seulement il est illusoire de qualifier une oeuvre tant sa nature ou son effet sont le résultat d'interactions entre des données diverses qui vont de son émergence technique à l'expérience individuelle d'un public atomisé, mais il est encore plus pervers de qualifier plusieurs oeuvres en même temps, c'est la négation de la singularité absolue de l'oeuvre et sa mise en série. À chercher des points communs aux oeuvres compilées, on ne parvient qu'à les niveler à une qualification commune.

Hors de question, donc, de chercher à discuter les qualificatifs de cette compilation de courts métrages qu'est Paris je t'aime, cela desservirait outrageusement chacun de ses composants. Bien entendu cela pose un problème: après tout, ces courts métrages ont été filmés en fonction d'un cahier des charges imposé par la règle de la compilation, la volonté initiale étant de justement produire une compilation sur le thème de la rencontre amoureuse à Paris, alors pourquoi les considérer en dehors d'un cadre prétendument étriqué dont ils émergent néanmoins? La qualité, c'est à dire l'émoi qu'ils ont pu provoquer en moi, de certains des courts métrage montre bien que l'on ne saurait réduire une oeuvre in fine à l'unique expression de son auteur; et je dis ceci sans même aller jusqu'à considérer que chaque auteur de court métrage est allé de lui-même naturellement, nécessairement, plus loin que ce cahier des charges.

Une fois parcellisé, ce qu'était Paris je t'aime révèle dix-huit oeuvres distinctes qui ne sont aucunement semblables et qui bien entendu n'ont pas eu la même valeur au public que j'étais. J'en retiendrai quelques unes pour l'émoi qu'elles ont su faire naître en moi à commencer par 14ème Arrondissement. Une factrice américaine raconte dans son français approximatif le voyage de quelques jours à Paris qu'elle s'est offerte. 14ème Arrondissement brise selon moi l'idée selon laquelle ces courts métrages seraient des sous-nouvelles, écrites de manière indigente, dépourvues d'attrait car n'allant pas assez loin et n'entraînant rien sinon de la frustration : séquence sans intérêt parce que purement anecdotique, ne fouillant pas la psychologie des personnages ou la potentialités des situations exposées (Le Nouvel Observateur, Le Parisien ...). 14ème Arrondissement pourrait parfaitement convenir à ces griefs. On pourrait faire deux remarques à propos de ces points de vue, la première critique tendrait à considérer les attendus de ces opinions, attendus finalement conditionnés par la pratique cinématographique et les codes qu'elle a fini par imposer (codes qui s'étendent sur la longueur d'un long métrage, présentant le succinct comme synonyme de frustration, car on ne peut pas obtenir en 6 minutes ce qui nous satisfait dans un film de 90 minutes - mais nous en revenons à l'idée introductive, c'est la nature même de "long métrage" de Paris je t'aime qui est problématique). La seconde est que certains de ces courts métrages atteignent un degré d'intensité émotionnelle assez rare dans une grande partie de la production cinématographique, la brillante simplicité de l'écriture de 14ème Arrondissement met à jour une humanité certes terriblement banale, mais tout autant sous-exposée. Le court métrage de Gus van Sant, Le Marais, ne partait pas avec mes faveurs avant même que je le vois, et pourtant il s'est révélé être assez bon: c'est paradoxalement encore une fois la banalité de la situation qui ôte tout ce qui pourrait rendre l'histoire fade, cette banalité confrontée à la manière assez étrange de Gaspard Ulliel peut avoir d'accoster le garçon travaillant dans l'atelier se révèle finalement cohérente. Certes, le jeu est bancal – quoique ce soit assez positif dans ce cas précis – et la chute présente peu d'intérêt, mais cette rencontre a le charme incroyable de sembler singulière, sans ajouter à ceci que la singularité des rencontres homosexuelles au cinéma est une chose assez rare pour qu'on s'en délecte. Il y a d'autres courts métrages qui se distinguent plus ou moins, qu'il s'agisse de Wes Craven ou des frères Cohen, ce sont quelques bonnes surprises, ainsi que quelques mauvaises  qui attendent la personne qui décide d'aller voir Paris je t'aime, c'est en tout cas un moment agréable à passer.

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