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Le Blog de Patrice!

10 septembre 2006

Twelve Venus

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C'est le match de football
Il y a une fanfare, un cheval et une majorette
Mais surtout il y a douze Venus juste en face
En bas des gradins
Elles me sourient, elles dansent pour moi
Elles remuent, impudiques, leur bassin dans des pantalon en stretch bleu foncé
Des pantalons moule vulve aux couleurs de l'université
Chaque fois que le pompom virevolte, un coup de rein
Ces salopes m'excitent
Je veux qu'elles se frottent contre la pelouse du terrain

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19 août 2006

Amarilli , Deh! Vieni

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I don't speak soccer:

J'ai des problèmes d'intégration aux Etats-Unis, car je ne parle pas le football. Je pensais naïvement que le français et un anglais approximatif suffiraient. Eh bien non, ce qu'il importe de parler, c'est le football.
Un homme me demande ou se trouve la maison blanche, je lui réponds que je ne sais pas, que je suis comme lui un touriste, un homme se retourne (nous sommes alors au papssage piétons) et lui explique où se trouve la maison blanche et me demande "where are you from?" je lui réponds alors que je suis français. Il me baragouine un truc très rapidement en faisant fort peu cas des consonnes, je lui demande pardon, et il me dit "soccer, france did well at the last world cup".
Je vais chez subway acheter un milk shake, le mec qui me le fait me parle un moment et m'explique qu'il est le roi du milk shake, "i'm milk-shakeman, i do the best milk shakes, man", puis il me demande d'où je viens, je lui dis que je suis français, puis il me demande de quelle ville, je lui dis Lyon et il me répond en français "ah Lyon ils gagnent toujours la coupe de France, c'est pas drôle".
La femme de ménage de l'hôtel est haïtienne, elle parle français également, mais elle en a rien à foutre du football.


Sweet Eagles:

J'ai vu passer une belle famille au coin de Constitution ave., le père avait un T shirt avec écrit "God bless america", la mère avait un t shirt ou les mots "america, hope, eagles, future" s'entrechoquaient et le fils avait un drapeau des Etats-Unis imprimé sur son T shirt.



Scout:

En allant vers le Capitole, je suis entré dans la National Gallery of Art, un grand musée gratuit. Assez fidèle au style néo classique pompier de DC. les salles sont gigantesques, il y a une grande coupole avec des colonades noires et un sol en marbe, mais aussi de petits jardins intérieurs avec des fontaines en bronze. L'exposition sur l'art venitien était vraiment superbe: je me suis arrêté, subjugué, par une peinture sublime, des enfants qui avaient tout de nains disproportionés (tobie et son poisson) avec des têtes d'adultes qui tiraient la robe d'une sainte vierge centrale, blanche, lumineuse, avec une tête de poupon, un ange à sa gauche et saint Jean Baptiste à sa droite, vieux, brun, voûté et tenant Jésus enfant. Jeunesse, vieillesse, maturité, féminité, virilité, fécondité, pureté et puissance, toutes les variantes de la représentation des corps de la femme et de l'homme étaient présents dans ce tableau, chacun à sa place, la vierge avait bien l'air d'une vierge et l'homme d'un homme.
C'est dans la salle suivante que j'ai vu le premier beau de mon séjour en Amérique, un grand garçon blond avec un visage fin, l'air très propre, presque froid.
J'ai regardé les autres collections (des statues et de la peinture impressionniste) puis je suis arrivé dans l'aile où se trouve l'art du XXème siècle. Il y avait trois salles remplies de picasso, j'étais au bord du suicide, et j'ai vu une sculpture qui s'appelait " Portrait Of A Young Man" d'un auteur dont j'ai oublié le nom qui était un garçon maigre un peu deformé, enfin étiré, assis, la tete dans ses mains, les bras sur les genoux. La forme de son corps était assez fascinante, ce garçon était organique et sec à la fois, comme du jambon fumé qui serait resté sans protection au frigo, de la chair sèche et légèrement suintante.
Cette statue ne quitte pas mon esprit, parce qu'après cela, j'ai acheté The Masculine Domination de Bourdieu, et il y explique les correspondances qui sont faites entre le corps de l'homme et le corps de la femme (rapport phallus - seins, et oeuf - testicules) j'y ai lu cette phrase: "it is said that the penis is the only male that sits on two eggs" (se référant à une expression kabyle) et je ne cesse de voir mentalement les testicules énormes de cette statue, comme deux gros oeufs.
Il y avait enfin une dernière exposition assez sexy, c'étaient des travaux de Charles Sheeler sur les rapports entre les différentes techniques de représentation (peintures, dessins, photographie...) sur la ville, l'industrie, le béton, les constructions.

18 août 2006

tu peux te gratter

la télé ici c'est bien:
il n'y a que des publicités pour des médicaments
notamment pour la prostate, enfin pour réduire les fuites urinaires qui sont liées au gonflement de la prostate
c'est très clair, il y a un schéma figurant la prostate qui gonfle, qui pousse sur la vessie et provoque l'incontinence
et aussi pour réduire les maux d'estomac
c'est très clair, il y a un schéma figurant l'estomac et les brûlures disparaissent sous l'action du médicament
il y en a d'autres, mais je peux pas vous les raconter parce qu'elles sont diffusés alors que j'écris ce message
je crois que je vais devenir accro aux médicaments

18 août 2006

Vas y c'est ça tripote moi les jambes connard

Aujourd'hui je suis à Washington: j'ai pris l'avion à CDG-airport
quand j'attendais l'avion, un hommes s'est assis à coté de moi
deja il sentait la transpiration
en plus il mangeait des oeufs
mais plein d'oeufs, genre il en a mangé six en une demie heure
des oeufs durs
quelle odeur dégueulasse.

20 juillet 2006

Je regardais un documentaire sur les bactéries dans la jungle humide des aisselles.

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Virginie était à la caisse cinq aujourd’hui, juste devant moi. Elle m’a un peu parlé car il n’y avait pas beaucoup de clients dans l’après midi, elle m’a confié : « Mon copain il est maçon, il bosse beaucoup plus que moi, j’ai l’impression que sa bétonnière prend plus de place que moi dans son esprit. ». Virginie a un BEP de vente et un CAP de coiffure, elle a cherché pendant six mois du travail avant d’atterrir au supermarché, « c’est l’horreur, tu fais rien de tes journées, t’envoies tes CV et tu reçois pas de réponse, peut-être une fois dans le mois, et encore, c’est pour te dire non. », elle cherchait un travail dans la vente, comme hôtesse de caisse ou comme coiffeuse. Avant d’être au chômage, elle travaillait dans un salon de coiffure à Verdun avec un garçon qui s’appelait Baptiste. Je le sais parce qu’elle m’a dit « excuse moi si je t’appelle Baptiste, j’ai toujours envie de t’appeler Baptiste, c’est parce que dans le salon où je travaillais avant il y avait un mec qui s’appelait Baptiste. » alors qu’elle ne m’a jamais appelé que Thibaut. Elle m’a dit qu’elle avait un contrat de quatre mois au supermarché mais qu’elle espérait rester plus longtemps, elle a besoin d’argent car elle a un emprunt à rembourser.

Santa me parle mal, elle me dit : « Allez bouge tes fesses Thibaut et range les paniers », j’étais un peu outré par la familiarité dont elle faisait preuve mais elle a ajouté « je vais fumer ma clope derrière tu m’appelle si tu as besoin de moi ».

Une femme m’a littéralement gueulé dessus, car la machine à écobons – une sorte d’imprimante automatique qui délivre des bons d’achats pour les clients – ne lui as pas vomi de « papillon ». L’opération papillons comme on l’appelle au supermarché, consiste en collectionner des papillons imprimés sur des écobons pour obtenir des points de fidélité supplémentaire, une fois qu’on en possède une dizaine. On parle souvent d’ opérations au supermarché, ils aiment beaucoup ce terme, un peu militaire, qui nous évoque des mouvements, une action directe et concrète sur le terrain ; l’opération c’est un peu la brigade des promotions, agressive, elle s’impose douloureusement dans le quotidien de la caissière.

Il s’agit donc de collectionner des papillons, la collection est un ressort ludique très courant au supermarché, rien qu’en ce moment, je suis supposé proposer aux gens une collection de papillons et une collection de timbres pour acheter des verres à prix réduits. Cette collection se rapproche également de la capitalisation : les timbres et les papillons ne viennent pas de nulle part, il faut les mériter, ils sont conditionnel aux achats que l’ont fait et les ajouter les uns aux autres c’est aussi ajouter les choses que l’on achète les unes aux autres. On joue bêtement à faire une collection de papillons qui représentent notre argent pour gagner des points de fidélité, autrement dit rien : si le but formel du jeu est de ne rien gagner, à quoi bon jouer ? Peut-être serait-il possible d’imaginer qu’il y a ici comme une économie de l’argent domestique, ne pas le cantonner à une utilisation unique, friable, ne pas le voir disparaître au moment de l’achat en le recréant symboliquement sous la forme de ces bons, de ces papillons, de ces points de fidélités, autant d’avatars de l’argent dépensé. (Remarque: on peut imaginer également que ces bons d'achat correspondent à une multiplication des jeux d'argent, il s'agit de faire le plus de transactions possibles - l'idée de plaisir?, ce qui entraîne la création de cette monnaie de singe.)

thumbLes clients que je vois dans la journée ont une conscience imprécise de la tromperie que constitue ces histoires de carte de fidélité, ils sentent qu’il n’y a rien de cette innocence affichée ; cette sensation les pousse à questionner la générosité du supermarché (les bons de réduction ou ces points de fidélité qui aboutissent à des bons de réduction) et à aboutir à cette conclusion : « ah mais quand même c’est de l’arnaque ces histoires, il y a toujours un truc qui ne va pas, vous ne nous faites jamais les réductions ». On peut imaginer un questionnement plus agressif : qu’est ce que c’est que cette notion de fidélité, à quoi cela sert-il au magasin ? dans une vision courante de domination du supermarché sur le client – c’est la position des associations de défense des consommateurs par exemple. On retrouve ici tout un dispositif discursif mis en place par le distributeur pour rendre cette fidélité positive, pour faire du client fidèle un client malin, intelligent, qui sait saisir les opportunités, « malin et radin ». (Remarque : on pourrait également poser la question au consommateur : pourquoi les prix sont-ils si bas, lorsque vous êtes radin et malin, d’où vient la compensation ? et ainsi tenter de lui faire prendre en compte un autre aspect, peut-être plus global de ce dispositif) On peut pourtant penser qu’un tel discours est un leurre et que cette carte de fidélité, contrat de mariage grotesque du client à son supermarché produit une liaison improbable enfonçant un peu plus le client dans son assujettissement et son contrôle. Ces ridicules bons d’achat sont finalement un prix assez faible à payer pour se doter d’outils de surveillance permettant la production d’une masse statistique exploitable pour toujours mieux adapter le dispositif de distribution au comportement apparemment irrationnel des clients, ou si celui reste décidément trop imprévisible, pour l’inscrire de force dans des systèmes, des architectures et des procédures qui le feront une variable plus rentable.

PS: désolé pour les photos, mais je kiffe trop ces costumes.

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19 juillet 2006

il a une infection de la cornée, un truc dans le genre

neophyte3Il y a un outil "statistique" sur canalblog qui me permet de surveiller les gens qui visitent ce blog. Ce n'est pas très intéressant exceptée une page "mots clés" qui me donne les mots clés soumis aux moteurs de recherche qui ont abouti à la visite de mon blog.

Ces mots clés sont: - voir quelqu'un s'épiler le maillot pour savoir comment faire
- clément sibony nu
- vincent perez

Il faut absolument que je continue ce blog.

PS: En regardant cette gravure d'une laideur toute fidèle au sujet, j'ai réalisé une chose: je n'ai décidemment aucun goût.

18 juillet 2006

Prépare ton stick correcteur anti-âge, pouffiasse.

          Je suis allé à Douaumont aujourd’hui, enfin je suis allé à Verdun et j’ai fait un petit détour par Douaumont, il faut dire que je n’y étais jamais allé. Je suis allé à l’ossuaire, j’ai rapidement traversé une partie du cimetière devant le monument puis j’ai vu la « tranchée des baïonnettes ».

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L’ossuaire de Douaumont, c’est vraiment super : c’est un gros bâtiment, une sorte de vaisseau extraterrestre en béton, arrondi, lisse, une plante improbable avec une tour en forme de bite au milieu. A l’intérieur c’est encore plus étrange, si l’objectif était de faire de la visite de ce sanctuaire un moment singulier, c’est assez réussi. Tout est arrondi à l’intérieur, on se sent comme à l’intérieur d’un corps, avalé par une baleine, et les rares ouvertures sont en verre teinté, ce qui plonge le bâtiment dans une pénombre rouge feu. Chaque pierre est gravée du nom d’un mort dont le corps n’a pas été retrouvé ou au nom d’une association d’ancien combattant et il y a au sol des sortes de mosaïques. L’allure générale emprunte à une sorte de style néo-médiéval, une chose épouvantable qui aurait sa place dans un décor de téléfilm sur les templiers (ça correspond assez à un imaginaire lié aux sociétés secrètes et ésotériques) si il n’y avait pas la forme générale du bâtiment qui faisait cette ambiance particulière. Il y a enfin quelques statues dans une pierre horrible qui ressemble à du béton représentant des soldats souffrants, extatiques ou avec un voile sur le visage. Une fois sorti, j’ai repris la route et je me suis éloigné de ce phallus en béton en passabt à travers les forêts.

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Pour célébrer à ma façon la réconciliation franco allemande, je mets un bel allemand.

(smileyconfus)

16 juillet 2006

Tu parles comme dans les prisons.

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              Il n’est pas passé de la semaine au supermarché, j’ai envie de me crever avec un compas. Enfin, si j’ai pas le courage de me suriner, à la limite je me fais un œil de bourrin alezan – un œil crevé, quoi. A la place je n’ai vu que des gens grotesques avec les mains sales. Normalement, j’aime bien les mains, je veux dire que je trouve assez belle une main, mais mon expérience au supermarché m’a fait réaliser que la plupart des mains sont ignobles. C’est une sensation commune, il suffit que l’on remarque une chose à laquelle on n’avait jamais prêté attention auparavant pour qu’elle s’impose partout. Je ne vois plus que cela : des mains trop épaisses, des doigts boudinés, des ongles sales, la disgrâce envahit presque toutes les mains que je vois.

 C’est une sensation dégueulasse : à ma caisse les gens ont tous cette soif de tactile, ils veulent que je les touche, je ne peux pas m’y résoudre, leur rendre leur monnaie dans le creux sec de leur paume me dégoûte. Parfois des vieillards obèses aux habits sales - les t-shirts éclaboussés par la nourriture, la boisson, la transpiration, autant d’activités grouillantes de leurs chairs exhibées - me donnent leur monnaie dans la main me tendant la leur fermée sur leurs pièces, refusant de l’ouvrir avant de recevoir un message de mon corps pour les accepter, comme pour m’ouvrir à une étreinte. Les pièces tombent dans le creux de ma main, chaudes, humides de leur transpiration, elles ont macéré dans les plis de leur peau pendant des minutes entières, imprégnées des rejets de leur corps. Cet instant me donne un frisson, j’ai envie de pleurer, de partir loin de ces tas de chair, de ces bouts de viande suants, de m’éloigner le plus possible de ces kystes improbables aux milles difformités, la sensation d’être en communion avec ces outres à organes n’est jamais plus terriblement physique que lorsque grouillent dans ma main ces pièces qui prennent vie, comme autant de bouts de corps du client, appendices vomiques qui tentent de devenir miens, comme le tronc d’un siamois que je formerais avec ces immondes côtes de porc.

 Parfois, ce ne sont pas des corps croulants sous leur propre pourriture et excrétions, il s’agit de femmes laides mais propres qui me tendent leurs mains pour prendre les pièces, les tickets, les articles ; des mains sèches, brunies par le soleil, avec des ongles manucurés. Des ongles avec une french manucure, longs, vernis, avec une partie peinte en blanche comme pour recréer artificiellement l’aspect naturel de l’ongle. Ces mains n’ont pas l’air humaines, ce sont celles d’un extra-terrestre, d’une copie ratée d’humain, d’un déguisement honteux, ces ongles ne sont pas vivants, ils sont secs, plastifiés et naturalisés. Ces mains manipulent les articles avec fragilité et précaution mais sans grâce, il me semble à chaque instant qu’elles menacent de se rompre, que les ongles se retournent, ne se tordant pas dans la chair mais s’arrachant net des doigts comme la branche d’un arbre sec.

 Je n’ai pas regardé les mains du beau, mais désormais j’ai peur de ce que je vais y découvrir, pourraient-elles, par analogie aux gros, réduire sa noblesse ?

16 juillet 2006

si j'ose pas me suriner à la limite je me fais un oeil de bourrin alezan - enfin, un oeil crevé, quoi.

dore_inferno31La hiérarchie des caissières.

« Je suis sa seconde. » m’a dit Santa à propos de Françoise, la responsable des caisses du supermarché. Je me suis tout de suite imaginé cette noblesse, Françoise marquise d’Ars sur Moselle et sa seconde, l’intrigante Santa. Il faut dire que j’ai vu il y a deux jours une adaptation du bossu de Nevers, avec Marie Gillain, Fabrice Luchini et Vincent Perez, j’en ai encore l’esprit tout troublé. La cour du supermarché est une noblesse de la pourriture, le visage de Françoise d’effondre, la couleur de ses cheveux est délavée, sa peau est molle ; le corps de sa seconde, la comtesse Santa est trop court, une épaisse couche de chair molle couvre tout le bas de son visage, son menton pend, irrésistiblement attiré par la terre, ses cheveux courts et rouges laissent dépasser de nombreux cheveux gris à l’arrière de sa tête. L’infamie de leur caste est inscrite dans leurs corps grotesques qui se déplacent, éthérés, d’une caisse à une autre, dans cet environnement dont chaque élément, chaque objet, chaque aspérité semble plus que leur appartenir, faire partie d’eux. Elles prennent les articles sur le tapis roulant à un rythme égal, le temps ne semble plus couler près de ces choses, elles sont en symbiose avec leur fonction, ne laissant plus dépasser aucune attitude, aucun esprit, aucune vie hors de leur fonction d’hôtesse de caisse. Hôtesse de caisse, voilà encore un terme qui rapproche ces êtres de l’aristocratie, elles accueillent les clients avec la grâce de l’hôtesse d’un hôtel particulier de Saint-Pétersbourg.

C’est une noblesse qui respecte les cadres de représentation que le film à costume lui ont donnés. La vie de ces astres est plongée dans un ennui profond, ils s’occupent donc de futilités, ça complote, ça ourdit, ça fait des messes basses, les discours contradictoires s’entremêlent avec des interlocuteurs différents, évoquant une grande fresque noire, un monde de complots et de manipulations. Françoise, la souveraine du monde des caisses est détestée en secret par sa seconde, mais ce secret transpire, lorsque Santa n’est pas là c’est au tour de Fançoise de se permettre quelque remarque. Seulement, il semblerait que Santa dispose d’un avantage de popularité dans le monde du supermarché : c’est une ancienne, cet esprit hante le bâtiment depuis des décades, elle connaît tout le monde, elle a pu lier des amitiés, des liens, de multiples accointances avec le reste de la population du supermarché, à commencer par la puissante surintendante Joëlle, comtesse du Rayon Boucherie, baronne des Shampoings et princesse de l’Epicerie Sucrée et Salée, mais ne dédaignant pas pour autant se lier avec la populace du supermarché, employant avec aisance plusieurs degrés discursifs, jouant du langage à la fois comme responsable, comme aristo du supermarché, mais aussi comme travailleuse, tiers-état opprimé par la hiérarchie. Dans cet ancien régime, on peut légitimement se demander où se trouve le clergé, la présence morale et le souffle spirituel du monde. On se tourne alors vers la maison mère, le siège, l’entité supérieure dont les noms sont autant de clins d’œil à l’Eglise ; ce siège à qui il ne manque plus que d’être Saint, cette maison mère, demeure divine qui nous enfante tous : ce sont les supermarchés Match, l’entreprise Match, l’administration divine qui est au dessus du supermarché, veillant sur nous, tout à la fois Christ aux yeux doux de qui la subsistance provient et Christ aux yeux terrible à la surveillance incessante et à la punition imminente. C’est le siège qui dicte le dogme, c’est avant tout de lui que vient la devise du blason de la Maison des Caisses « c’est de l’argent tout de même », c’est lui qui organise la vie de ses créatures, qui met en place l’architecture des rayons, qui décide de l’implantation des avatars de la surveillance des travailleurs. La maison mère se révèle aussi aux hommes par des commandements, ces « valeurs match » qui nous ordonnent d’avoir l’esprit d’équipe, l’amour de notre métier, le respect de chacun et le plaisir de faire du commerce. Les textes saints sont autant de brochures présentes en salle de pause, message nous enjoignant à organiser notre temps libre à une activité intellectuelle positive pour l’entreprise, la connaissance approfondie et la maîtrise de son dogme. Enfin, le souverain du supermarché, son gérant, le Roi mon Sieur Rollet, seul personne du supermarché ne pouvant être appelée en toute circonstance que par son nom précédé de mon Sieur plutôt que son prénom, manière de souligner la majesté de sa fonction, se conforme à l’analyse qui en a été faite par Kantorowitz : son corps est double il est un gérant parmi les autres, il n’est ici que pour quelques années, entre trois et cinq, il naît et meurt au supermarché, mais il est aussi l’incarnation éternelle de la Maison Mère, du divin surplombant le supermarché.

14 juillet 2006

Il est pas passé de la semaine je vais me crever avec un compas

18425906Commander des disques

J’étais avec une connaissance sur le pont de la Guillotière pour aller du métro à une péniche où nous étions supposés trouver de la bonne musique, nous parlions justement de musique et il me posait cette question : « Quel est l’intérêt d’acheter des CD de musique expérimentale, ce sont des performances, alors à quoi sert un disque ? ». Sur le coup je n’ai rien pu répondre d’autre que « le disque ne détruit ou ne déforme pas nécessairement l’œuvre de l’auteur, un disque peut rester une chose digne d’intérêt, même en musique expérimentale ».

(Remarque : Il ne s’agit tout d’abord pas de questionner ces expressions de musique nouvelle, musique contemporaine, musique difficile, musique populaire ou musique classique, je les utilise par commodité, connaissant ou tout au moins ayant une conscience plus ou moins floue des contours des cadres qu’elles imposent, de la segmentation arbitraire qu’elles induisent et des limites qui leurs sont propres. Il ne s’agit pas de cette géographie musicale largement utilisée par les acteurs du monde de la musique, et je pense notamment aux commentateurs qui imposent cette topographie au public et les induisent d’autant en erreur dans leur approche de la musique – pour en arriver à des logiques telles que « j’aime l’electro » ou « je n’aime pas le rock ». Ces commentateurs tendent à imposer leur approche musicale et leur découpage en reprenant cette image d’une profusion de cartes du monde approximatives, erronées, basées sur des méthodes de calculs douteuses face à un standard correct, découpé scientifiquement par expertise ; poursuivre cette comparaison c’est dire en quelque sorte que Télérama se donne des allures de Mercator musical, donnant la référence quasi absolue, la table de correspondance emmenant inévitablement dans son sillage toute une cohorte d’appréciations, autant de manières de juger les œuvres grâce à un fond prétendument pertinent, cette irréfutable cartographie, maîtrise absolue de la singularité. On peut rejeter ce Mercator musical, non parce qu’il est imprécis et que l’on pourrait imaginer une table, une catégorisation et une règle meilleures, mais parce que ladite table, ou ladite géographie n’aurait de pertinence qu’une fois vidée de sa substance, une géographie sans lieu présentant une multitude d’atomes indépendants, et si l’on remarquait des réactions, des liens, des influences parmi les atomes entre eux, rien ne nous permettrait pour autant de faire ressembler un atome à un autre, de le placer au même endroit qu’un autre.)

La question que je peux me poser est alors : «  Pourquoi un disque, donc ? ». On peut imaginer plusieurs hypothèses.

a) On fait un disque pour faire un disque. Il s’agit d’imaginer que l’idée de faire un disque pré-existe à la production de ce disque. C’est ce processus que l’on peut retrouver dans la production musicale d’une grande partie de l’industrie culturelle. L’enregistrement en studio est la finalité de cette production musicale – même si elle se drape habituelle d’un discours du chanteur parlant inévitablement lors de la publicité de son disque de l’attente qu’il peut avoir de la scène, faisant de la performance en concert le véritable instant de sa musique, le quand de son œuvre. Le produit n’existe pas en dehors du disque, il ne peut s’en échapper et si, effectivement, des concerts sont donnés, ils ne sont qu’une autre copie du même disque, sous une forme différente. Il me semble, lorsque j’écoute cette musique, ne jamais pouvoir sortir du studio, l’image obsédante du chanteur ou de la chanteuse s’exécutant dans l’espace clos du studio d’enregistrement dont les murs absorbent tous les sons qui se sont pas destinés au micro, et donc au disque ne me quitte pas. Quelle que soit la production, quelles que soient les transformations que la voix a pu subir, on a pu lui donner un écho formidable évoquant un espace gigantesque, je ne cesse d’avoir cette sensation claustrophobe d’être enfermé avec la musique dans ce réduit aux murs de moquette.

b) On fait un disque comme on ferait un concert. C’est l’idée d’ubiquité du concertant, le disque lui permet de donner une sorte de concert gigantesque à un public plus large que celui d’une salle de concert, en s’affranchissant des contraintes spatiales et temporelles inhérentes à la performance sur scène. C’est la logique qui est souvent suivie dans les disques de musique classique.

c) On fait un disque comme une trace d’une œuvre. On peut également imaginer qu’une œuvre existe avant son enregistrement, et surtout en dehors de celui-ci. Prenons comme exemple wire music d’Alastair Galbraith, performance faite avec des cordes de piano et parfois un violon dans un vieux bâtiment plongé dans le noir ; une partie de l’œuvre comportait un travail sur l’intégration de l’architecture du lieu de la performance dans le résultat acoustique. Que reste-t-il de cette dimension sur un disque ? Comment apprécier les résonances, les sons rejetés, absorbés, toute un physique du son semble absente au public de ce disque. C’est ce genre de performance qui existe en dehors de son support qui rend pertinente la question d mon ami : en effet, à quoi ce disque peut bien servir si il ne nous transmet qu’une partie seulement de l’œuvre ? Peut-être est-ce ici qu’interviennent les annexes au disques, les explications qui permettent de comprendre ce qui existe de l’œuvre au delà de ce que l’objet disque peut nous offrir.

d) On fait un disque en prenant en compte le support qu’il représente, sans faire exister l’œuvre comme disque. C’est finalement l’attitude qui me semble la plus correcte face au disque, il s’agit de considérer le disque, de connaître les contraintes techniques qu’il impose et de les prendre en compte comme n’importe quelle contrainte technique présente dans le processus de création artistique. C’est savoir que finalement, on présentera un disque au public, mais c’est également éviter l’écueil de la musique populaire qui serait celui d’assimiler cette contrainte technique à la seule dimension technique et esthétique de l’œuvre. Je citerai ici l’exemple de Buildings [New York] de Francisco Lopez : il s’agit d’une œuvre composée à partir d’enregistrement de machines, de ces bruits métalliques provenant de ce qui fait vivre els bâtiments new-yorkais, à la fois musique d’organes – ventilateurs-poumons, groupes électrogènes-cœurs – et œuvre organique, comme une reconstitution du docteur Frankenstein d’un monstre, copie grossière de corps à la beauté monstrueuse, de ville, du corps de New-York. Le disque contient tout l’œuvre en ceci qu’il peut la délivrer dans son intégralité, même si, contrairement à a), elle dépasse complètement son format. On remarquera enfin qu’une explication de l’oeuvre est présente dans le disque comme en c), mais que celle-ci est scellée, l’auteur sachant qu’il n’y a pas immanence dans son projet et qu’il peut parfaitement être totalement appréciée en contemplation pure.

10 juillet 2006

Ils ont changé le nom de cette rue car elle portait celui d'un esclavagiste.

8Parfois au supermarché il y a un beau, il est d'une taille moyenne, il a la peau mate, les cheveux bouclés, des yeux en amande, une belle bouche et un joli nez. Il a l'air très gentil, j'aimerais bien lui parler mais je n'ose pas – je ne le connais pas. Et puis je ne suis pas vraiment à mon avantage au supermarché: j'ai un t-shirt blanc bien trop grand avec le col serré et je suis caissier.

C'est un métier abominable; les gens disent que je devrais me réjouir: j'ai trouvé un travail pour l'été il y a beaucoup d'étudiants qui cherchent et qui ne trouvent pas, ce genre de choses. Quand je tente d'expliquer à quel point je souffre dans cet environnement, les gens me répondent invariablement « oui mais tu te fais de l'argent » ou « pense aux sous ». Quand je suis à ma caisse, assis pendant sept heures de suite avec une pause minable de vingt minutes au milieu, je passe mon temps à manipuler de l'argent, j'encaisse, je fais de la monnaie, je nettoie des cartes de crédit, et je ne pense pas un seul instant « aux sous » que je vais me faire. Jamais. J'essaierais volontiers, peut être que ça rendrait mes journées moins tristes, mais je n'y parviens pas. C'est tout à fait aliénant d'être caissier: il est presque impossible de penser à autre chose quand on encaisse. C'est d'autant plus terrible qu'encaisser est une activité assez peu stimulante. Je pense que c'est dû aux procédures qui me sont imposées.

Il n'appellent pas ça une procédure, mais un process. Le respect du process est la chose la plus importante chez une caissière, une vertu cardinale qui passe avant tout: je pense que c'est lié à cet axiome de caissière que ma chef m'a assené plusieurs fois « c'est de l'argent tout de même. » De l'argent tout de même, je m'y suis soumis. Composant du process, le BRAMS également m'est imposé. Là ça n'a aucun rapport avec « c'est de l'argent tout de même » ça a rapport avec le client. Il y a le client et il y a l'argent, le lien entre les deux n'est pas vraiment accompli. BRAMS, ce sont les initiales de Bonjour, Regard, Au revoir, Merci, Sourire. À chaque fois que je vois un client je dois effectuer mon BRAMS.

Remarquez, quand on y réfléchit, en dépit du discours qui l'accompagne, ce maudit BRAMS n'a pas grand chose à voir avec le client. Il a juste avoir avec moi: il faut que je sois rapide et efficace, c'est pour ça qu'il vaut mieux que je laisse faire le supermarché comme entité supérieure car « eux, ils savent ». Quand on est caissière on est au degré zéro de la connaissance et la maison mère (c'est le nom de l'entité) a ceci qui m'est supérieur qu'elle sait. Elle sait comment il faut faire, c'est elle qui définit les process que je vais suivre, c'est elle qui me commande ce que je dois dire au client. Il y a tout de même une chose étrange: puisque l'entité est supérieure, puisqu'elle me domine en tout points, pourquoi drape-t-elle ses commandements de justifications qui lui ôtent tout crédit. L'entité me dit: « vous êtes souvent le seul contact humain du client au supermarché, votre rôle est très important; c'est pourquoi vous devez bien respecter votre BRAMS afin d'optimiser cette rencontre », mais justement, ce BRAMS préexiste à ma relation caissière-client, je ne fais qu'adopter une attitude prédéfinie, non modulable. Tu parles d'un contact humain quand la caissière est réduite à un rôle mécanisé, avec des questions fixes qui fonctionnent à la manière d'un QCM « avez vous la carte de fidélité? » sous entendu « oui/non ». Je ne me sens jamais moins dans une configuration de dialogue que lorsque je suis à ma caisse: je ne cesse de parler sans jamais communiquer.

Ce qui est plus embêtant encore, c'est que lorsque je désire en sortir, ma langue fourche, ma maîtrise me fait défaut. Je n'arrive plus à faire une phrase correcte, il m'est impossible d'avoir une conversation, je n'ai plus accès à mes mots, je ne maîtrise plus aucun jeu de langage. Ironie de ce dispositif: même en ayant conscience de l'emprisonnement qu'il m'inflige je ne puis m'en sortir, abruti par la répétition de mon BRAMS.

C'est problématique quand ce beau passe à ma caisse: il est très charmant et j'aimerais vraiment lui montrer que je suis un étudiant un peu chou qui voudrait bien lui parler, mais je n'arrive à rien, je fais mon BRAMS et puis c'est tout. J'essaie de sortir de ce cachot mental, j'essaie de me désautomatiser, de redevenir un humain, mais ce n'est pas faisable, je me vois lui demander sa carte de fidélité, lui demander son mode de paiement et je sens à chaque seconde que je laisse filer une opportunité, ça me met en rage mais le BRAMS ne cède pas, et je le vois me sourire et me dire au revoir et je lui ai parlé comme une merde de caissière.

Un client revient à ma caisse, mais c'est une vieille grosse qui me dit « Excusez-moi vous avez passé deux paquets de frites à quatre-vingt cinq centimes et le dernier à un euro cinq, mais ce sont les mêmes! »

2 juillet 2006

Il se roulait nu dans l'herbe enlaçant un labrador brun obèse

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Hier, lors des coupures publicitaires de Stargate, je regardais Tout le monde en parle.

Stargate SG1: L'épisode d'hier soir était consacré à une machine créée par un extra-terrestre très évolué qui a « déphasé » le commandant Samantha Carter, le colonel Mitchell puis le Dr. Jackson dans une autre dimension: ils vivaient dans le même monde que les autres mais ils ne pouvaient être vus ni communiquer d'une quelconque façon avec les êtres restés dans leur dimension d'origine.

Comme d'habitude, l'extra-terrestre en question se révèle être un personnage de mythologie, Merlin l'enchanteur. Cela questionne la place de la science dans cette série, elle y est un centre nébuleux qui mêle la mystique à la physique, le magique et le scientifique dans ce qui se présente tout à la fois comme une opposition et une contradiction.

L'histoire du feuilleton se base sur une dichotomie entre le mauvais, c'est à dire le merveilleux, le magique, le divin et le juste, le scientifique, le rationnel et le pédagogique. Le divin impose sa manifestation par une pyrotechnie surnaturelle tandis que le scientifique explique sa règle par une symbolisation du monde. Seulement ces deux principes ne se valent pas, car les dieux ne seront jamais que de faux-dieux – terme employé pour désigner les extra-terrestres ennemis des humains -, des tyrans que la maîtrise du monde par la science élève aux yeux des autres pour mieux asseoir leur domination, le faux-dieu obscurcit le rapport au réel dans ses manifestations; mais après tout, la puissance du tyran ne vient que de la perfection de son rapport symbolique au monde: deux usages, donc, d'un même pouvoir. La question de faux dieu pose celle de dieu: Stargate est-il un feuilleton qui pose une posture résolument antireligieuse comme il semble le faire, démontant le surnaturel de chaque manifestation du monde positif? Plutôt qu'une critique antireligieuse sur le thème habituel  du « l'homme fait dieu, et non dieu fait l'homme » (Feuerbach) - ce qui se traduit dans la série par une insistance toute particulière sur le pouvoir de transfiguration du regard, c'est la vénération par les humains de l'extra-terrestre qui fait de lui un dieu – c'est une critique qui ne se fonde que sur la mythologie hérétique, démons, dieux de panthéons divers, et qui en reprend certains traits – on peut penser à la hiérarchie démoniaque précise de la démonologie qu'on retrouve transposée comme dimension politique (politique comme quête du pouvoir et non comme gouvernement) dans Stargate (les espèces extra-terrestres, leurs pouvoirs respectifs, les traités qui les unit, les grades qu'ils occupent, les puissances qu'ils invoquent, les armées qu'ils commandent) -, la spiritualité religieuse est au contraire exaltée. Stargate s'affirme tout à la fois critique des idoles, des superstitions - finalement, de la « religion religieuse » (pour reprendre l'expression de « politique politicienne ») - et champion de la spiritualité. Présente chez tous les êtres des autres planètes que la Terre, la spiritualité est souvent signifiée par une posture méditative, introspective, ouvrant l'humain hors de lui-même. C'est une pratique positive, elle aide à mieux vivre, à s'ouvrir, à comprendre, voir en soi ouvre les yeux sur l'extérieur. La spiritualité est inévitablement couplée au rituel: cette pratique ne se fait pas au hasard, c'est individuel, mais cela n'exclut pas le lien au groupe, ou plutôt à la généalogie, elle est codifiée, il s'agit de dire certains mots, de respecter un certain décor. Coupler la spiritualité au rituel ancestral (tente en peau de bête, bougies, encens sont nécessaires à l'accomplissement de la méditation) propose ici une nostalgie paradoxale – après tout la modernité a apporté aux hommes un rapport rationnel et non magique au monde – qui tend à faire regretter l'absence de spiritualité de notre civilisation et son isolement générationnel.

Mais après tout, la science n'est-elle pas merveilleuse dans Stargate? Peut-on considérer que le mouvement est inverse: plutôt qu'une science qui décrédibilise les légendes que seuls les niais que la science n'a pas éveillés croient, Stargate présente une science qui se nourrit de la légende. Le colonel Carter, la scientifique prodige de l'équipe, est une magicienne; lorsqu'elle fait voeu de pédagogie, lorsqu'elle explique pourquoi le monde est tel qu'il est, lorsqu'elle cite des physiciens, elle se confine finalement à psalmodier de l'abstrus, des mots de pouvoir, ses équations sont autant de runes et ses physiciens autant d'alchimistes dont l'évocation est indéchiffrable. Les machines qu'elle prend aux civilisations extraterrestres sont des objets magiques qu'elle fait « fonctionner », et ceux-ci se manifestent magiquement, ils rendent invisibles, détruisent des planètes, permettent de se déplacer en un instant d'un bout à l'autre de l'univers, permettent d'aller plus vite, d'avoir plus de force, de voir partout et de se manifester partout. C'est d'ici que vient le problème de cette série, ce qui fait que finalement, l'objet magique des sauvages, pris comme une machine par les humains se révèle aux humains eux-même comme une machine magique: en effet, il s'agit d'anticipation, il s'agit d'imaginer ce que la science pourrait faire si elle était plus avancée qu'elle ne l'est et l'imagination a fait que cette science évoluée agisse comme la magie, elle fait l'impossible, l'inconcevable, elle exauce les rêves de puissance. C'est ici que réside la contradiction: le feuilleton propose de faire de la légende une émanation parasitaire de l'explication scientifique, mais la science qu'il propose est en réalité une pure génération du magique.

Tout le monde en parle: Thierry Ardisson recevait Bernard Tapie.

Ardisson: « Vous ne pensez pas que cette dépréciation des bleus c'est un peu le reflet de la France aujourd'hui: un pays qui n'a pas confiance en lui? » La France est une entité homogène est qualifiable: elle est contente, malheureuse, déprimée, excitée, on peut la prendre au corps , la bousculer. Les bleus sont le micro-reflet de cette entité gigantesque, chaque symptôme du corps de la France est observable, analysable à notre échelle: les bleus c'est la France, - et je fais ici un pot-pourri des différentes choses que j'ai pu entendre à ce propos – c'est une équipe qui pourrait gagner mais qui est handicapée par la main mise des anciens (analogie à un monde politique qui sentirait la naphtaline), c'est une équipe melting-pot où chacun peut s'intégrer (cette fois-ci les bleus sont le micro idéal social qu'il faudrait reproduire), les bleus n'ont pas confiance en eux alors qu'ils ont un grand potentiel, on se souvient encore de leurs jours de gloire (et là on atteint l'acmé de l'identification, on ne sait plus bien si ce sont les jours de gloire des bleus, de la France, des français).


PS: au début je voulais mettre un beau en photo, mais j'ai resisté

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