Hier, lors des coupures publicitaires
de Stargate, je regardais
Tout le monde en parle.
Stargate
SG1: L'épisode d'hier soir était consacré à
une machine créée par un extra-terrestre très
évolué qui a « déphasé »
le commandant Samantha Carter, le colonel Mitchell puis le Dr.
Jackson dans une autre dimension: ils vivaient dans le même
monde que les autres mais ils ne pouvaient être vus ni
communiquer d'une quelconque façon avec les êtres restés
dans leur dimension d'origine.
Comme
d'habitude, l'extra-terrestre en question se révèle
être un personnage de mythologie, Merlin l'enchanteur. Cela
questionne la place de la science dans cette série, elle y est
un centre nébuleux qui mêle la mystique à la
physique, le magique et le scientifique dans ce qui se présente
tout à la fois comme une opposition et une contradiction.
L'histoire
du feuilleton se base sur une dichotomie entre le mauvais, c'est à
dire le merveilleux, le magique, le divin et le juste, le
scientifique, le rationnel et le pédagogique. Le divin impose
sa manifestation par une pyrotechnie surnaturelle tandis que le
scientifique explique sa règle par une symbolisation du monde.
Seulement ces deux principes ne se valent pas, car les dieux ne
seront jamais que de faux-dieux – terme employé pour
désigner les extra-terrestres ennemis des humains -, des
tyrans que la maîtrise du monde par la science élève
aux yeux des autres pour mieux asseoir leur domination, le faux-dieu
obscurcit le rapport au réel dans ses manifestations; mais
après tout, la puissance du tyran ne vient que de la
perfection de son rapport symbolique au monde: deux usages, donc,
d'un même pouvoir. La question de faux dieu pose celle de dieu:
Stargate est-il un feuilleton qui pose une posture résolument
antireligieuse comme il semble le faire, démontant le
surnaturel de chaque manifestation du monde positif? Plutôt
qu'une critique antireligieuse sur le thème habituel du
« l'homme fait dieu, et non dieu fait l'homme »
(Feuerbach) - ce qui se traduit dans la série par une
insistance toute particulière sur le pouvoir de
transfiguration du regard, c'est la vénération par les
humains de l'extra-terrestre qui fait de lui un dieu – c'est une
critique qui ne se fonde que sur la mythologie hérétique,
démons, dieux de panthéons divers, et qui en reprend
certains traits – on peut penser à la hiérarchie
démoniaque précise de la démonologie qu'on
retrouve transposée comme dimension politique (politique comme
quête du pouvoir et non comme gouvernement) dans Stargate
(les espèces extra-terrestres, leurs pouvoirs respectifs, les
traités qui les unit, les grades qu'ils occupent, les
puissances qu'ils invoquent, les armées qu'ils commandent) -,
la spiritualité religieuse est au contraire exaltée.
Stargate s'affirme tout à la fois critique des idoles,
des superstitions - finalement, de la « religion
religieuse » (pour reprendre l'expression de « politique
politicienne ») - et champion de la spiritualité.
Présente chez tous les êtres des autres planètes
que la Terre, la spiritualité est souvent signifiée par
une posture méditative, introspective, ouvrant l'humain hors
de lui-même. C'est une pratique positive, elle aide à
mieux vivre, à s'ouvrir, à comprendre, voir en soi
ouvre les yeux sur l'extérieur. La spiritualité est
inévitablement couplée au rituel: cette pratique ne se
fait pas au hasard, c'est individuel, mais cela n'exclut pas le lien
au groupe, ou plutôt à la généalogie, elle
est codifiée, il s'agit de dire certains mots, de respecter un
certain décor. Coupler la spiritualité au rituel
ancestral (tente en peau de bête, bougies, encens sont
nécessaires à l'accomplissement de la méditation)
propose ici une nostalgie paradoxale – après tout la
modernité a apporté aux hommes un rapport rationnel et
non magique au monde – qui tend à faire regretter l'absence
de spiritualité de notre civilisation et son isolement
générationnel.
Mais
après tout, la science n'est-elle pas merveilleuse dans
Stargate? Peut-on considérer que le mouvement est
inverse: plutôt qu'une science qui décrédibilise
les légendes que seuls les niais que la science n'a pas
éveillés croient, Stargate présente une
science qui se nourrit de la légende. Le colonel Carter, la
scientifique prodige de l'équipe, est une magicienne;
lorsqu'elle fait voeu de pédagogie, lorsqu'elle explique
pourquoi le monde est tel qu'il est, lorsqu'elle cite des physiciens,
elle se confine finalement à psalmodier de l'abstrus, des mots
de pouvoir, ses équations sont autant de runes et ses
physiciens autant d'alchimistes dont l'évocation est
indéchiffrable. Les machines qu'elle prend aux civilisations
extraterrestres sont des objets magiques qu'elle fait
« fonctionner », et ceux-ci se manifestent
magiquement, ils rendent invisibles, détruisent des planètes,
permettent de se déplacer en un instant d'un bout à
l'autre de l'univers, permettent d'aller plus vite, d'avoir plus de
force, de voir partout et de se manifester partout. C'est d'ici que
vient le problème de cette série, ce qui fait que
finalement, l'objet magique des sauvages, pris comme une machine par
les humains se révèle aux humains eux-même comme
une machine magique: en effet, il s'agit d'anticipation, il s'agit
d'imaginer ce que la science pourrait faire si elle était plus
avancée qu'elle ne l'est et l'imagination a fait que cette
science évoluée agisse comme la magie, elle fait
l'impossible, l'inconcevable, elle exauce les rêves de
puissance. C'est ici que réside la contradiction: le
feuilleton propose de faire de la légende une émanation
parasitaire de l'explication scientifique, mais la science qu'il
propose est en réalité une pure génération
du magique.
Tout le monde en
parle: Thierry Ardisson recevait
Bernard Tapie.
Ardisson:
« Vous ne pensez pas que cette dépréciation
des bleus c'est un peu le reflet de la France aujourd'hui: un pays
qui n'a pas confiance en lui? » La France est une entité
homogène est qualifiable: elle est contente, malheureuse,
déprimée, excitée, on peut la prendre au corps ,
la bousculer. Les bleus sont le micro-reflet de cette entité
gigantesque, chaque symptôme du corps de la France est
observable, analysable à notre échelle: les bleus c'est
la France, - et je fais ici un pot-pourri des différentes
choses que j'ai pu entendre à ce propos – c'est une équipe
qui pourrait gagner mais qui est handicapée par la main mise
des anciens (analogie à un monde politique qui sentirait la
naphtaline), c'est une
équipe melting-pot où chacun peut s'intégrer
(cette fois-ci les bleus sont le micro idéal social qu'il
faudrait reproduire), les bleus n'ont pas confiance en eux alors
qu'ils ont un grand potentiel, on se souvient encore de leurs jours
de gloire (et là on atteint l'acmé de l'identification,
on ne sait plus bien si ce sont les jours de gloire des bleus, de la
France, des français).
PS: au début je voulais mettre un beau en photo, mais j'ai resisté